24 novembre 2006

De la conception, de la valeur et de l’utilisation des sondages


Notre débat du
20 novembre 2006 autour
de Charles-Henri GROS

Les français sont-ils les plus gros consommateurs au monde de chiromancie et autres séances de voyance ?
Même sans pouvoir disposer de données chiffrées en la matière, on pourrait juger par le nombre de publicités qui font la promotion de ce type de services et jusqu’à vous rappeler les liens évoqués alors entre le Président Mitterrand et une célèbre voyante…Les français ont la réputation d’être les plus sondés de tous !
Aurions-nous en effet un goût positivement plus prononcé que les autres peuples à vouloir connaître l’avenir ?
Sans doute oui, et cela va croissant.Pour ne parler que des sondages d’opinion liés à la sphère politique et publiés dans la presse, on comptait dans les années 80, une moyenne de 521 études d’opinion par an, contre 874 au début des années 2000. Soit près de 17 sondages « politiques » publiés chaque semaine !
Actuellement, les sondages sont présents dans tous les médias, et dissèquent la moindre habitude de chacun d’entre nous. La technique est la même pour tous les sujets.
Ainsi, le sondage est un outil –désormais commun- qui permet de pénétrer…à la fois l’alcôve…et l’isoloir !

Ce que sont les sondages.
A l’article ‘sondage’, le dictionnaire Larousse évoque deux sujets :
« une procédure d’enquête sur certaines caractéristiques d’une population, à partir d’observations sur un échantillon limité, considéré comme représentatif de cette population »
« faire un sondage c’est prélever un échantillon à des fins d’analyse »
La technique du sondage repose sur un fondement mathématique : la théorie des probabilités qui permet de trouver la taille que doit avoir un échantillon pour être représentatif. Là, il convient de retenir que la représentativité d’un échantillon est fonction de sa propre taille (et non de la taille de la population à étudier) et que la représentativité est la propriété de l’ensemble de l’échantillon et non pas des individus qui le composent.

Un peu d’histoire…
On peut trouver la première tentative de sondage à grande échelle en France en 1745. Une initiative de l’administration de Louis XV qui avait fait courir le bruit de la levée d’une future milice de deux hommes dans chaque paroisse.
En lui-même, le fait de propager une rumeur n’est pas un fait remarquable, mais, pour l’époque, ce qui est novateur c’est la consigne faite aux intendants des provinces de recueillir ce qu’en diraient les habitants.La consignation ainsi faite des réactions, enregistrées par des observateurs à travers le pays, est alors inédite et s’apparente à une tentative de sondage de l’opinion.
La pratique des sondages d’opinion est essentiellement originaire des Etats Unis d’Amérique où ont été mis en place dés le début du XIX° siècle des « straw votes », « votes de paille » (le nom est éloquent !). Des journaux interrogeaient leurs lecteurs sur des simulations électorales. Encore une fois, comme pour la démarche du Roi Soleil, on retrouve la volonté de connaître l’opinion du peuple ; mais ces « votes de paille » étaient ceux des seules personnes qui avaient lu le journal et qui daignaient renvoyer le questionnaire…Cette méthode manquait donc d’un élément indispensable pour être valable : un fondement scientifique.
L’évènement qui « consacra » la méthode du sondage avec un échantillon représentatif fut les élections présidentielles américaines de 1936. Ces élections constituèrent une occasion d’affronter les différentes méthodes d’anticipation électorale. A cette occasion, la revue « Literary Digest » avait interrogé plus de 2 millions de personnes choisies au hasard dans l’annuaire téléphonique. Les résultats de cette démarche donnaient LADON vainqueur sur ROOSEVELT. Au même moment, l’institut GALLUP, travaillant seulement sur quelques milliers de personnes (mais en s’attachant à une représentativité du groupe sélectionné par rapport à la structure socioprofessionnelle des électeurs), annonçait la victoire de ROOSEVELT ! Même si les pourcentages d’intention de vote annoncées étaient relativement éloignés du résultat du vote, c’est bien ROOSSEVELT qui fut élu, mettant ainsi en lumière la méthode des sondages sur un échantillon représentatif.
Il faudra attendre un autre « évènement » français pour donner du crédit aux sondages. En 1965, lors des premières élections au suffrage universel direct, le Général de Gaulle est mis en ballottage avec 43,9 % des voix, alors que tout le monde le donnait vainqueur dés le premier tour… Seul France Soir, se basant sur un sondage de l’Institut Français d’Opinion (IFOP, créé en 1938), anticipe ce semi échec du Général en prédisant entre 43 et 45 % d’estimation de votes. C’est ainsi que le sondage de prédiction de votes trouva le fondement de sa légitimité en France.
Notons au passage, que les élections sont devenues un sujet de sondage privilégié puisque la réalisation du vote lors des élections réelles permet de vérifier les résultats précédemment estimés par sondage.

Des effets des sondages…
Régulièrement, on reproche aux sondages, de fausser le jeu démocratique, d’influencer le choix des électeurs, de manipuler l’opinion. Trois effets sont observables : « l’effet Bandwagon », qui incite les électeurs à rallier le présumé vainqueur, « l’effet Underdog », qui conduit l’électeur à secourir le candidat annoncé perdant, et un effet sur l’abstention, pour les électeurs découragés et qui ne ressentent plus l’utilité de leur vote.

Les sondages en accusation
Les sondages sont accusés de modifier les règles du jeu politique. L’utilisation du sondage peut permettre à une majorité silencieuse de devenir influente.

Les sondages et le trio « politique presse opinion » :
Les sondages sont fréquemment utilisés par les journalistes politiques pour commenter la vie politique. L’utilisation des sondages par les médias devient incontournable, qui plus est dans un contexte d’élection. Pourquoi ?
Il y a alliance objective entre les sondeurs et les journalistes :
Les sondeurs ont encore besoin de la presse pour imposer les sondages
Les médias, et en particulier la presse écrite, ont eu un rôle essentiel dans l’introduction des sondages en France (ce sont eux qui ont permis d’enclencher « la croyance » dans la validité et la scientificité des sondages). Ils constituent une véritable vitrine des instituts de sondages, et les sondeurs sont encore dépendants de la presse pour maintenir cette croyance dans les sondages et confirmer leur place dans le champ médiatique, politique et économique.
Pourtant, il arrive que les journalistes prennent en défaut les sondages, à l’occasion des élections :
Les élections sont un rituel de la remise en cause de la fiabilité des sondages par les journalistes. Eux qui utilisent abondamment les sondages pour commenter les résultats des élections ou pour anticiper et livrer de savantes analyses sur les évolutions et les déterminants du vote, semblent prendre un réel plaisir à critiquer la fiabilité des sondages électoraux. Notons, avec amusement, que cette critique rituelle des sondages électoraux débute par celle des sondages électoraux débute par celle des erreurs des sondages publiés (par la presse !) dans la prévision des résultats du vote.
Mais les critiques des sondages ne vont jamais vraiment plus loin, et les médias laissent un large droit de réponse aux sondeurs pour répondre aux accusations…des journalistes ! Pourquoi un tel empressement à permettre aux sondeurs de défendre leur production ? Parce que les médias sont justement très friands de sondages, et que les instituts de sondages sont des partenaires de la presse à part entière (les sondages sont souvent commandés par le média, et les responsables des instituts sont invités à commenter eux-mêmes les résultats des sondages que le média leur à commandé)
Sans sondages, les journalistes ne pourraient plus exercer leurs talents de commentateurs de chiffres, et ils ne pourraient plus non plus se poser en serviteurs de la démocratie, éclairant le choix de leurs lecteurs par l’information sur l’état de l’opinion.
La presse écrite constitue en effet le support de prédilection des sondages car elle dispose de la place nécessaire pour publier des tableaux, des graphiques et les analyses qui les mettent en valeur…contrairement à la télévision qui ne dispose que de peu d’images pour attirer l’auditeur, la presse écrite peut attirer le lecteur avec des titres choc basés sur les sondages. Les médias audiovisuels jouent avec un atout majeur par rapport à la presse écrite : la rapidité. L’utilisation des sondages est en effet quasi systématique lors de soirées électorales, pour des émissions de débat (type « 100 minutes pour convaincre »)
Les journalistes grâce aux sondages peuvent dénicher le scoop qui augmentera le tirage sans sortir de leur bureau…N’oublions pas non plus, la reconnaissance professionnelle qu’ils pourront en tirer…
Certains sondages peuvent aussi avoir un retentissement suffisant pour influencer le débat politique au moment de leur publication. Dans ces circonstances, le volume des retombées médiatiques dont bénéficie « le support » qui a pris l’initiative de publier ce sondage est très rentable. En terme d’impact, le rapport entre ce que coûte une enquête réussie et les reprises qu’elle suscite par les autres médias, constitue évidemment une très bonne opération !
Mais outre ces profits immédiats et proprement économiques, l’intérêt des sondages politiques réside dans le fait qu’ils donnent à la presse un pouvoir symbolique spécifique sur le jeu politique.

Le rapport de force entre journalistes et politiques :
Avec l’accroissement de la concurrence entre les médias, les journalistes s’efforcent de faire admettre leur autorité. Cela se traduit par exemple par le fait qu’un homme politique ne peut plus s’inviter à une émission. Il doit être choisi par le responsable de l’émission, en fonction de l’audience qu’il est réputé faire et selon une règle du jeu qui lui est imposée. Dans ce processus d’émancipation, les sondages constituent une arme symbolique très forte, un instrument de légitimation des journalistes face aux hommes politiques jusque-là seuls à avoir une certaine légitimité…celle de l’élection.
Toutes les conditions sont réunies pour que les journalistes et les politiques s’engagent dans un rapport de collaboration conflictuelle :
Invité pour sa fonction de porte-parole ou d’élu, le politique croit tenir de ses mandats le droit de se faire entendre…pour démontrer sa préoccupation de répondre à ses électeurs.
Le journaliste lui, attend des réponses à ses questions car elles sont censées intéresser le public.
Aux affirmations des politiques, les journalistes peuvent désormais opposer les chiffres des sondages qui sont censé leur livrer la « volonté populaire » mesurée par des instituts (neutres et scientifiques) qui s’impose aussi bien aux uns qu’aux autres.
Ainsi les journalistes peuvent aussi imposer les problèmes dont il faut parler. La pratique du sondage participe bien à la redéfinition du travail des hommes politiques et des journalistes.
Les journalistes se donnent comme mission de faire parler le peuple, l’idée étant de lutter contre la dépossession de la parole du peuple par les hommes politiques, les représentants. Les sondages sont souvent présentés par les sondeurs comme le moyen de faire parler l’opinion, sans intermédiaire, directement. Le journaliste est appuyé dans sa mission civique et démocratique par un instrument scientifique qui est censé garantir que contrairement aux hommes politiques, soupçonnés de se rendre coupables de déformation de la volonté populaire, lui ne fera que rendre compte de l’opinion publique.

De l’influence des sondages sur les choix politiques et les choix électoraux :
Les hommes politiques ont intégré, dans la prise de décision, les indications que les sondages d’opinion, à tort ou à raison, leur fournissent comme indications sur ce qui est censé être « l’état de l’opinion ».
Les sondages : boussole pour les acteurs politiquesLes principaux conflits politiques sont institutionnalisés et canalisés à travers les relations entre la majorité et l’opposition. L’influence croissante de l’opinion publique à travers les sondages d’opinion a modifié la gestion de ces conflits.
Les sondages ont également transformé la relation majorité opposition. Lorsque le débat politique se déroule sur un enjeu précis, les sondages expriment la tendance majoritaire de l’opinion sur cet enjeu. L’opposition peut alors se prévaloir de cette tendance, si elle lui paraît favorable, pour tenter de contraindre la majorité, et d’abord son chef, à consulter directement l’opinion par référendum (ex : ratification en 1992 du traité de l’Union Européenne).Plus généralement, les sondages expriment l’opinion de la majorité des citoyens, ce qui exerce une contrainte sur les gouvernants que l’opposition peut exploiter.
Il ne fait aucun doute que la publication d’enquêtes d’opinion contribue à déposséder les acteurs de l’action publique d’une partie de leurs prérogatives. La publication des sondages, et notamment des cotes de popularité des gouvernants, influe sur la capacité des leaders politiques à maîtriser l’agenda politique notamment dans les rapports entre majorité et opposition.

Les différents types de sondages :
Trois catégories de sondages d’opinion se différencient en fonction du type d’information qu’elles apportent (les enquêtes isolées, les enquêtes régulières dites ‘baromètre’, les entretiens non directifs)

Une arme au service des politiques :
Les médias ont joué un rôle déterminant dans l’évolution de la communication politique contemporaine. Les hommes politiques ont été amenés à mettre au point des stratégies de communication pour convaincre leur auditoire –le marketing politique. Il a crée le besoin de connaître les goûts et les aspirations de la population afin de pouvoir y répondre de manière la plus précise possible. L’instrument principal du marketing politique est le sondage ! Il est utilisé pour, concevoir et contrôler les stratégies de communication, connaître son niveau de notoriété, discerner les éléments de son image sur lesquels il devra travailler.

Les sondages sont évidemment prisés des hommes politiques, on a vu pourquoi. Ils le sont aussi des hommes de médias qui trouvent ainsi une information facile à obtenir et à commenter… Les uns et les autres sont également responsables du nombre de sondages qui sont réalisés en France –supérieur à tous les pays – et des interprétations auxquelles leurs résultats donnent lieu.
Les sondages ne méritent ni un excès d’honneur, ni un excès d’indignité, encore faudrait-il que nos sondeurs médiatiques gardent quelque modestie, nos hommes politiques le sens de l’intérêt général et que les électeurs votent tout bonnement pour le candidat qui leur paraît le plus souhaitable pour le pays !

Charles-Henri GROS dirige une agence conseil en communication institutionnelle qu’il a créée en 1999.
Il intervient pour une clientèle essentiellement constituée d’entreprises privées et publiques ainsi que pour des élus, des collectivités et des administrations centrales.

Après une formation généraliste en Grande Bretagne, il fait du marketing au sein du groupe Hersant à partir de 1987. Deux ans plus tard, il devient consultant indépendant, puis rejoint en 1992, une agence conseil (Européenne de conseil en communication)
Il vit à Paris, Marié, et père de cinq enfants.

29 octobre 2006

L'Homoparentalité en question

Notre débat du
23 octobre 2006 autour
de Luce Janin-Devillars.

Je vous propose de prendre un peu de recul pour essayer de comprendre comment l'homoparentalité est devenue…aujourd’hui… possible.
L'homoparentalité n'a pas été, dans un premier temps, une revendication des homosexuels

Dès 1968, ce qui émerge, en France, est une revendication de visibilité des homosexuels : ils veulent qu'on reconnaisse leur choix sexuel.
Ce faisant, ils vont s'inscrire dans le mouvement de revendication des femmes qui demandent :

- la liberté sexuelle
- la possibilité de choisir d'avoir des enfants ou non
- la possibilité de porter ces enfants au moment de leur choix (en dépit de la contraception qui existe alors depuis 1962, il subsiste encore des barrières morales, des interdits qui s'opposent à ce droit)
- la possibilité d'avoir des enfants en dehors du mariage, du concubinage et même du couple.

Dans la foulée des événements de 68, le mariage est devenu un concept dit « bourgeois » parce que qu'il renvoie à une organisation du monde fondée sur un ordre "paternaliste", porteur de limites et d'empêchements que certaines femmes récusent.
Tout ce qui renvoie au père, tout ce qui a été, historiquement, conçu par les hommes serait devenu mauvais ou, en tous cas, contestable.

C'est donc le déclin du père et de l'autorité paternelle qui vont faire le lit de nouvelles exigences où la revendication homoparentale se fraie un chemin. Dans ce combat, ce ne sont pas les homosexuels des deux sexes qui initient le mouvement, ce sont les femmes !

Les homosexuels de sexe masculin, les gays suivent le mouvement de loin. Ils posent sur celui-ci le même regard que les hétéros : « Qu'est-ce que c'est que ces histoires de bonnes femmes ? Qu'est-ce qu'elles veulent ? »

Dans le même temps, des avancées médicales, en terme de procréation, vont contribuer à construire ce qui deviendra la revendication homoparentale :

- au milieu des années 70 : les inséminations artificielles (IA) sont encore réservées aux couples mariés

- 1973 : ces couples vont pouvoir faire appel à un donneur anonyme. Pour réguler la procédure, le premier CECOS (Centre de de Régulation et de Conservation du Sperme) est ouvert

- 1978 : arrivée de la FIV (fécondation in vitro) ou "BB-éprouvette".

A partir de cette date, l'éthique de la conception commence à se compliquer parce que la FIV nécessite une stimulation ovarienne qui entraîne l'apparition d'embryons "surnuméraires". Que faire de ces embryons en plus, à partir de quand la notion de personne est-elle posée, que va-t-on en faire ?
La loi Neuwirth sur la contraception en 1962, même si elle n’a été appliquée qu’après de longs débats, ne pose pas les mêmes questions que la FIV.
Entre une muqueuse intra-utérine qui ne permet pas la nidification et des embryons supplémentaires, il y a une différence. A la question « un embryon est-il déjà un être ? » Nul ne trouve vraiment de réponse.
En 1985, on décide donc de les congeler; ce qui laissera du temps pour réfléchir ...

QUE DISENT CES PRATIQUES ?

- Elles racontent que les femmes n'ont plus besoin d'un homme pour faire un enfant.

- Qu'on peut concevoir un bébé avec son médecin.

- Elles introduisent la médicalisation du lien de filiation.

- Le désir d'enfant n'est plus, de prime abord, un projet personnel; il est pris dans la médecine et dans la loi.

Si une femme désire un enfant, surtout si elle est éduquée, informée, il ne lui faut plus aller à la rencontre d'un homme. Elle peut se passer de l'autre, se passer de la dépendance à l'autre, s'affranchir de la loi du désir. Il lui suffit d'aller voir son docteur.
C'est dans cette revendication, cette transformation radicale de ce qui avait constitué jusque-là l'ordonnance de la procréation, que les homoparents se sont engouffrés.

Si le lien de filiation pouvait être médicalisé, si l'on pouvait passer outre à l'ordre biologique, fonder la procréation sur un autre modèle, pourquoi les homosexuels n'auraient-ils pas eu, eux aussi, le droit d'avoir des enfants "entre soi" ? En quelque sorte…La question était posée.
Dans un projet d'enfant, même entre hétérosexuels, surgissent toujours des logiques narcissiques : se reproduire presque à l'identique, se prolonger, se retrouver ... Une logique qui trouve aujourd'hui son point d'acmé dans l'espérance du clonage.

La conjuguaison de la logique du désir individuel et de la logique médicale vont contribuer à faire émerger de nouvelles donnes : celles de l'offre (médicale) et de la demande (homoparentale), celle du démiurge, moi à la place de Dieu ou, mieux, mon médecin à la place de Dieu. Un nouveau « paradigme » est en train d'émerger, celui de l'initiative individuelle au détriment des structures collectives.

Je pense que les années soixante dix qui voient arriver les procréations médicalement assistées (PMA) annoncent en effet, en même temps, le déclin de ce qu'on a appelé les "grands cadres" : école, église, armée.
Ceux-ci ont constitué, jusque là, un système de gestion des conduites. Sur un modèle disciplinaire, ils énonçaient la conformité, ce qui est permis et interdit.
Or, l'église comme l'école ou l'armée soutenaient et permettaient la prévalence et la continuité d'un modèle sexué : le rôle des hommes et le rôle des femmes y était assez strictement déterminé.
Avec le modèle disciplinaire, les êtres humains ne sont pas forcément plus heureux mais, au moins, ils ont un destin, ils savent ce qu'ils doivent faire, comment se conduire, ce que sont leurs possibilités et leurs limites.
Quand les normes explosent, la norme de la reproduction sexuée par exemple, les individus sont confrontés à l'initiative individuelle, c'est à eux de d'inventer leur histoire. Les deux principaux items, modernes, de ce destin étant la nécessité d'être "soi-même" et d'être "heureux" ... Mais il n'y a plus de cadre, autrement dit de mode d'emploi, pour expliquer comment y arriver !

Ainsi, l'école, par exemple, est-elle, partiellement, en faillite parce qu'elle continue de proposer un modèle de conduite (travailler, se taire pour écouter, ne pas agresser l'autre) en contradiction avec certains modèles parentaux, voire une absence de modèles parentaux.
Car dans l'individualisme, tout est possible : y compris insulter son professeur. Du coup, le "devenir soi" soulève des questions entre le permis et le défendu, le possible et l'impossible, le normal et le pathologique. Par exemple :

- Qu'est-ce qui peut empêcher, aujourd'hui, une femme ménopausée de demander des spermatozoïdes à son frère handicapé pour inséminer une mère porteuse aux Etats-Unis?

- Ou bien une grand-mère de porter l'ovule de sa fille fécondé par un spermatozoïde de son gendre ?

- Qu'est-ce qui va empêcher cette grand-mère de rester la mère de sa fille, tout en étant la grand-mère de l'enfant qu'elle porte, enfant qui sera aussi la soeur de la mère biologique et de réaliser ainsi une sorte d'inceste, par éprouvette interposée ?

Ce n'est pas la loi, la loi se contourne, elle est différente selon les pays. Ce ne sont pas non plus la morale ou l'éthique car elles s'inscrivent aussi dans l'immense terrain, presque encore vierge, de l'initiative individuelle.
Le champs du possible aujourd'hui c'est la science. Et la science, les progrès de la médecine valent pour tout le monde. Personne ne peut prétendre le contraire. Seulement la science n'est ni un principe moral, ni un principe d'éducation ou de gouvernement.

QUELQUES ARGUMENTS DES DÉFENSEURS DE L'HOMOPARENTALITÉ

- Aucune étude, aucune recherche n'a permis de démontrer que les enfants issus de couples homoparentaux présentaient plus de difficultés psychologiques que les autres.

- Les adolescents ont souvent des problèmes d'identité mais il n'est pas inhérent au statut sexuel des parents.

- Le fait d'être élevé dans une famille homoparentale ne prédispose pas à devenir homosexuel.

QUELQUES ARGUMENTS DES OPPOSANTS À L'HOMOPARENTALITÉ

- Le monde se divise entre hommes et femmes non entre homosexuels et hétérosexuels : la différence symbolique, en ce qu'elle fonde un ordre symbolique qui ouvre à la culture et à la loi, est nécessaire.

- Comment se développer "normalement" en niant la différence des sexes ? Ne pouvoir répondre à la question du qui est papa et qui est maman entraînerait des troubles du comportement.

- Si on abolit la notion d'engendrement, on entre dans un "déni de réalité", or le déni est une des constituantes de la psychose.

- L'enfant inscrit dans un projet homoparental est voulu, non comme sujet mais comme prolongement narcissique.

ET POUR CONCLURE :

Au-delà des oppositions, ce qui est sûr, en tous cas, c'est que l'homoparentalité annule ce qui a constitué le fondement de nos sociétés : la filiation biologique. Elle développe la notion de "parent social" (qui existait déjà avec le divorce) et nous oblige à repenser ce sur quoi nous fonctionnons depuis des siècles : l'enfant issu du corps biologique de deux parents de sexe différent.

Les homoparents se rapprochent donc des parents adoptants. Ils disent : la parenté n'est pas fondée sur la procréation mais sur la volonté et la capacité d'éduquer. L'homoparentalité trouve alors sa place entre la passion de l'égalité qui traverse toutes les sociétés occidentales et leur individualisme forcené : être à nous-mêmes notre propre modèle.

En même temps, cette volonté et cette passion d'éduquer reposent aujourdhui beaucoup sur des leurres :

- le seul critère de la relation parents/enfants c'est l'amour

- être parent c'est aimer dans une sorte de conception mammifère de l'enfant que, précisément, toutes les études neuro-biologiques et comportementales réfutent ("l'instinct maternel" n'a jamais existé)

- la relation parents/enfants est calquée sur le modèle du couple (communication/tendresse/partage mais aussi possession/emprise) avec cette différence - notable - qu'on est sûrs d'être parents pour la vie.

Or, dans la parentalité, il y a un "devoir d'éducation", selon le mot de Françoise Dolto, qui désigne le possible et l'impossible, le permis et le prohibé. Etre parent, c'est donner des règles : ce qui constitue précisément la déficience de l'homme moderne…aussi.

Je ne crois donc pas, quelle que soit la validité des arguments des tenants du pour ou contre l'homoparentalité, qu'on retiendra ce mouvement qui amène à fabriquer aujourd'hui des enfants selon des modalités différentes.
Je crois, par contre, que quelle que soit la famille d'origine, celle-ci doit éduquer, poser des règles, permettre mais interdire.

Luce JANIN-DEVILLARS

Psychologue, psychanalyste, coach
Cabinet : 32 Avenue Victor Cresson, Issy

* Université René Descartes Paris V/ UFR Biomédicale des Saints Pères
* Université Paris 7 Denis Diderot/UFR Sciences Humaines Cliniques

- Enseignante à l'Université Paris V/UFR Sciences de l'Education/UFR Biomédicale des Saints Pères
- Chercheur-associé Laboratoire de Changement social Paris 7
- Enseignant-Chercheur, Faculté de Médecine de Créteil

Actuellement :
- Responsable du Département de Psychologie, Centre Saint Jean de Dieu, Paris
- Présidente du Comité d'Ethique de l'Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu France
- Formatrice de coachs à l'Institut Français de Gestion, Paris

Dernier ouvrage paru : Ces morts qui vivent en nous (Fayard/2005).

04 octobre 2006

Le terrorisme : une forme de violence et une invective


Notre débat du 3 octobre 2006
autour de Pierre Conesa

Le terme est le plus souvent utilisé comme une accusation. Pourtant des exemples multiples montrent que les actes de violence terroriste peuvent être légitimement revendiqués comme par exemple dans une guerre de résistance contre un occupant comme le fut la seconde guerre mondiale. Restons donc sur des définitions comme celle de Raymond Aron qui qualifiait l’acte terroriste comme « une action dont l’impact psychologique dépasse les effets physiques » ou celle de Gérard Chaliand[1], le meilleur spécialiste français du sujet, qui pense que « l’acte terroriste est la forme la plus violente de la guerre psychologique ». Et limitons nous à la forme contemporaine du terrorisme qui commence au début du XX° siècle avec les deux filiations que sont d’abord les Russes de « Narodnaia Volia » (la volonté du peuple) qui limite strictement l’action terroriste à une cible politique précise. Dans la vague d’attentats qui déchire la Russie à partir de 1878, ils n’hésitent pas à annuler à la dernière minute, un attentat contre le Grand Duc Serge, pour ne pas faire de victimes innocentes. L’autre famille terroriste est celle issue des Anarchistes qui mélange action politique et brigandage et finit dans un isolement politique complet.
Si on laisse de côté les actes terroristes des différentes résistances durant la seconde guerre mondiale qui ne visaient que des forces occupantes, on retrouve le terrorisme de l’ère des guerres de décolonisation qui se divise en deux familles.
La première est le terrorisme de nature ethno-nationaliste ou séparatiste dans lequel on peut classer différents mouvements devenus acteurs politiques honorables qui semblent avoir oublié leurs pratiques passées aujourd’hui. Le premier objectif de ce type de terrorisme est les forces ennemies. L’attentat terroriste de l’Irgoun qui fait sauter l’hôtel King David à Jérusalem dans lequel se trouvait l’Etat-major britannique fit 91 morts et 45 blessés le 23 juillet 1946. Il était destiné à convaincre l’opinion anglaise lassée par 6 ans de guerre qu’il ne valait plus la peine de continuer à se battre pour la Palestine. La seconde forme classique est le massacre pour faire partir les populations civiles indésirables. Par exemple à l’encontre des Palestiniens comme celui de Deir Yassine le 9 avril 1948 par les combattants du sionisme. On retrouve ces deux formes d’attentats en Algérie de la part du FLN qui constatant les difficultés de la guerilla en milieu rural, énonce dans sa directive n°9 de 1956 « Tuer un Européen en ville est plus important que 10 dans le bled ». Ces formes de terrorisme sont en général limitées à l’espace du pays en guerre, le but étant de toucher l’opinion publique métropolitaine ou internationale afin d’aboutir à une issue politique. Quand il se termine par la victoire, ce type de terrorisme présente comme caractéristique de blanchir les terroristes qui peuvent ensuite, devenir de respectables chefs de gouvernement. Ce passé ne les empêche pas par la suite face à des violences de même nature, d’accuser leurs ennemis d’être des « terroristes » comme le fit le gouvernement algérien contre les GIA durant la guerre civile, ou M Menahem Begin contre l’OLP.
Le second modèle est celui de l’Organisation de Libération de la Palestine qui, mis en échec dans ses actions sur le territoire israélien, choisit dés le 22 juillet 1968 l’internationalisation en détournant le Boeing d’El Al Rome-Tel Aviv. On trouve dans cet acte toutes les dimensions nouvelles du terrorisme : l’internationalisation, la logique d’échanges à parité avec une puissance supérieure (échanges de prisonniers contre les otages), la médiatisation et l’expression d’une revendication. L’OLP n’a pas rempli ses objectifs stratégiques qui était dans sa Charte originelle, à savoir la destruction d’Israël, mais a acquis un statut international puisque 18 mois à peine après le massacre des athlètes israéliens aux Jeux Olympiques de Munich (9 athlètes et un policier tués), Yasser Arafat est à la tribune des Nations Unies et l’OLP est reconnue par 86 Etats membres alors qu’Israël ne l’est que par 72. Un modèle d’organisation va également se mettre en place qui est celui du financement du terrorisme par solidarité non plus simplement nationale grâce aux dons des communautés palestiniennes expatriées, mais comunautariste et religieuse. En effet l’argent est collecté dans l’ensemble du monde arabe et surtout donné par les familles du Golfe arabo-persique. On pense que l’OLP disposait déjà dans les années 80 d’un budget de près de 600 millions de $. En permettant aux cadres de l’OLP de vivre sans travailler pendant plusieurs décennies, ce mécanisme financier a corrompu les dirigeants de l’OLP au point de les rendre totalement incapables de gérer proprement l’Autorité Palestinienne dont ils prennent la direction après les accords d’Oslo. Les filières de financement et les modalités de la solidarité sont dorénavant en place qui servent aujourd’hui dans le terrorisme jihadiste.
Le modèle OLP va inspirer nombre de mouvements comme les Arméniens de l’Asala d’Hagop Hagopian qui commirent l’attentat à l’aéroport d’Orly le 15 juillet 1983 contre le comptoir de Turkish Airlines, les Moluquois en Hollande, ou le PKK en Turquie. On compte à certains moments jusqu’à 40 mouvements terroristes différents en formation dans les camps de l’OLP, dont la Fraction armée Rouge allemande, l’Armée Rouge japonaise, les Brigades Rouges italiennes, Action Directe… Fut inventé à ce moment le « Terrorisme par procuration » sous deux formes différentes :
- La première est la sous-traitance d’actes terroristes de l’OLP auprès de mouvements amis : l’attentat à l’aéroport Lot de Tel Aviv en mai 1972 (26 morts) fut commis par les membres de l’Armée Rouge japonaise.
- La seconde est le terrorisme sponsorisé par des Etats qui font commettre des actes répondant à leurs intérêts sur le territoire de grandes démocraties. La Syrie s’en fit une spécialité, et l’Irak également. On retrouve la mécanique avec les attentats de la Rue de Rennes en France le 17 septembre 1986 manipulés par le gouvernement des Mollahs, ou les destructions d’avions américain et français par le gouvernement libyen en 1989.
Certaines de ces formes terroristes mènent une guerre dont la résolution est politique : indépendance du pays, mise en place d’un pouvoir local, ouverture de négociations… Mais sans réel soutien populaire, elles s’éteignent en général par isolement et épuisement, ce qui rend la répression plus facile.
Le terrorisme que nous connaissons aujourd’hui est d’une nature différente qu’on l’appelle Hyperterrorisme ou Terrorisme religieux. Il a pour arrière fond le renouveau des extrémismes religieux qui atteint à des titres divers toutes les grandes religions. « La guerre des 6 jours » qui voit Israël battre à plates coutures les armées des principaux pays arabes frontaliers, infiniment supérieures en hommes et en moyens, semble avoir constitué, pour toutes les grandes religions monothéistes, une fracture symbolique de la divergence des perceptions : pour les Islamistes, l’humiliante défaite est la preuve du discrédit des régimes socialistes arabes et seul un retour aux sources religieuses peut régénérer le monde arabo-musulman ; pour les Intégristes juifs, elle est la preuve du dessein divin du Grand Israël (Eretz Israël dans ses frontières bibliques) qui continue à perdurer dans la politique de colonisation des Territoires occupés, et pour les néo-évangélistes américains, elle est la première étape de l’arrivée de la Jérusalem céleste qui marquera le triomphe de Dieu sur terre (et la conversion plus ou moins forcée des Juifs). Cette thématique religieuse ressortira aux Etats-Unis à l’occasion de la prise de Bagdad assimilée à la Babylone de la Bible. En une décennie, la violence terroriste issue des religions monothéistes et des mouvements sectaires s’est développée de façon inquiétante en commettant des attentats de formes inégalées jusque là. La secte Aoum a organisé le premier attentat non conventionnel au gaz Sarin dans le métro de Tokyo, Timothy Mac Veil, militant de l’extrême droite inspirée par Christian Identity est l’auteur du premier attentat de masse aux USA à Oklahoma City le 19 avril 1995, et Ben Laden le 11 septembre 2001, en détruisant les deux tours du World Trade Center ouvre l’ère de l’hyperterrorisme. Inspirés par les idées du Rabbin Kahane, Yigal Amir, assassine le 6 novembre 1995 le premier ministre israélien parce qu’il avait signé les accords d’Oslo, et Baruch Goldstein le 25 février 1994 massacre trente fidèles en train de prier dans la mosquée d’Hebron. Enfin le développement exponentiel des attentats suicide, forme plus particulière au terrorisme religieux, vient clore le tableau.
Dans la liste des organisations terroristes du département d’Etat américain on ne relevait en 1980 aucun mouvement de nature religieux ; en 1998 la moitié des 30 plus dangereux groupes était de nature religieuse, en 2004 les deux tiers sont des groupes religieux. Et encore cette liste exclut-elle les groupes proprement américains qui relèvent du FBI mais qui ont plusieurs fois menés des actions violentes contre des cliniques pratiquant l’avortement, des agressions racistes et antisémites et surtout les attentats d’Oklahoma City en 1995 et des Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996.
En ce sens, le terrorisme religieux change les termes de la violence au moins dans quatre domaines : la violence est sacramentelle et légitimée par des raisons eschatologiques, à la différence de la guerre classique dans laquelle le combattant doit rester vivant pour poursuivre la lutte, ici le sacrifice du combattant vaut martyr. La guerre est cosmique, elle est totale et touche à tous les domaines, il n’est pas de victimes totalement innocentes, aucune cible n’est exclue, aucun moyen n’est donc illégitime. Le but du conflit étant le triomphe de la religion « vraie », le résultat ne peut être que la victoire finale et aucune négociation n’est possible avec « l’Autre » présenté comme le Mal absolu et la négociation politique en est totalement exclue. Enfin le champ d’action dans le recrutement des combattants et dans ses objectifs, est le plus souvent planétaire puisqu’on ne reconnaît pas les Nations et les pouvoirs organisés par les hommes. Ce dernier point est particulièrement vrai pour les Islamistes.
Ces formes religieuses sont explicitement racistes : Cheikh Yassine, ancien leader du Hezbollah libanais disait « 6 millions de descendants de singes sont au pouvoir dans tous les pays du monde mais leur jour viendra ! Tuez les tous, n’en épargnez pas un seul ! » et en face le Rabin Kahane parlait des Arabes comme des « mouches » et des « chiens »[2]. Une différence notable entre ces deux personnalités est toutefois à noter : le mouvement du Rabin Kahane a été interdit en Israël après le massacre de la Mosquée d’Hébron (3 morts, 33 blessés) ce qui n’est pas le cas du Hamas. Le Rabin Kahane a été assassiné par un Egyptien lors d’une réunion publique aux USA et Cheikh Yassine, pour sa part, a été assassiné à l‘aide d’un tir de missile israélien. Le Pasteur de l’Eglise rurale du Michigan, église néo évangéliste, a pour sa part plus de commisération : « Bientôt nous serons appelés à tuer, mais nous tuerons avec l’amour dans nos cœurs parce que Dieu est avec nous ».
Enfin dernière originalité du terrorisme actuel, alors que les types de terrorisme précédents étaient initiées et organisées autour d’un parti politique de type léniniste, c'est-à-dire parti d’avant-garde composé de révolutionnaires professionnels définissant la stratégie et diffusant des directives politiques, le terrorisme islamiste semble spontanément adopter un modèle totalement différent. Le leadership est une sorte de holding dépositaire d’une marque et d’un projet religieux global, que des groupes plus ou moins indépendants revendiquent dans des attentats d’initiative locale. L’action anti-terroriste peut décapiter la holding sans pour autant défaire les cellules locales.
Le terrorisme aurait, selon certaines estimations, fait environ 14 000 morts en 35 ans et les attentats contre le World Trade center en ayant causé 2300, on comprend que le terme d’hyperterrorisme ait été adopté. Les méthodes terroristes sont copiées par les uns et par les autres. Ainsi le transport de produits dangereux dans les avions a été inventé par la secte Aoum, pour ramener au Japon, dans des bouteilles de Saké, les produits chimiques, testés dans une grande ferme achetée en Australie, qui lui permettront de faire l’attentat dans le métro de Tokyo. La méthode a semble-t-il été copiée par les terroristes britanniques qui voulaient organiser les attentats sur des avions américains en Août 2006. Les attentats suicides inventés par le Hezbollah libanais ont été copiées par le LTTE tamoul qui a même organisé des séries coordonnées, et est aujourd’hui imité par des Islamistes sunnites. L’attentat suicide semble même devenu un modèle pour des jeunes immigrés de 2° génération vivant en Europe lors des attentats de Londres de 2004.
Toutes les formes de terrorisme décrites ici ne sont pas successives mais peuvent coexister dans la même période historique. Il ne faut pas en conclure qu’il y a une homogénéité du terrorisme contre lequel une guerre globale menée par la force militaire et policière suffirait. Certains mouvements terroristes appellent des solutions politiques, d’autres strictement répressives. La « Guerre globale contre le Terrorisme » décrétée par George Bush qui prétend résoudre par l’action de coercition toutes les formes de terrorisme est donc une aberration stratégique.

[1] Voir par exemple "Histoire du terrorisme", avec Arnaud Blin, Bayard
[2] Cité par Jurgensmeyer

Pierre Conesa

Ecole Nationale d’Administration
Centre des Hautes Etudes de l’Armement

-Juge au Tribunal Administratif de Versailles
-Ministère de la Défense : à la DGSE puis à la Délégation aux études générales
-Service Juridique et Technique de l’Information
-Secrétariat Général du Gouvernement (Premier Ministre)
-Ministère de la Défense : Sous Directeur à la délégation aux affaires stratégiques
-Directeur adjoint Direction des relations internationales de la Délégation Générale de l’Armement
-Rapporteur du « plan stratégique des exportations d’armements »
-Ministère de la Défense
-Chargé de mission auprès du Chef d’Etat Major des Armées

Directeur général de la Compagnie Européenne d’Intelligence Economique



25 septembre 2006

BIENVENUE !


Le Café Politique

« Le Café Politique» se réunit régulièrement depuis bientôt 4 ans. Prétexte au débat sur de nombreux thèmes de société, de sujets d’actualité, c’est un espace de convivialité fait de la rencontre de militants, de sympathisants de notre mouvement politique…et d’amis, autour d’un dîner.
Il a reçu des « conférenciers » pour éclairer le débat, et susciter les échanges…des échanges toujours libres.

Aujourd’hui, un bilan d’étape est nécessaire, et il doit être l’occasion de rappeler quelques uns de nos principes :
- le Café Politique d’Issy les Moulineaux se doit de rester indépendant pour que le débat et les échanges restent de qualité et profitent de la liberté d’expression de chacun.
- le Café Politique d’Issy les Moulineaux, dépourvu de moyens financiers et de structure de support publics (information, publicité, salles…) doit rester prioritairement animé par l’esprit militant qui a été à l’origine de sa création et a permis sa pérennisation, son organisation logistique ayant toujours été portée par le volontariat.

L’avenir du « Café Politique d’Issy les Moulineaux »


Aujourd’hui, des animateurs du « Café Politique» ont décidé de créer l’association « Café Politique d’Issy les Moulineaux » (officialisée par le Journal Officiel- associations- du 22 juillet 2006).
Ainsi, notre « association de fait » recouvre une nouvelle responsabilité et se trouve protégée dans l’appellation que nous avons ensemble choisie. Mais nous ne dirons jamais assez que, pour nous tous militants, ce sont les actes et l’engagement qui favorisent le débat et la mobilisation, et non pas les structures administratives, même associatives (les partis politiques en sont !) en tant que telles…

Nous poursuivons donc nos réunions dans un contexte identique, en privilégiant toujours l’intervention de personnalités extérieures (ils sont nombreux, reconnaissons-le, à être séduits par notre initiative !), « grands témoins », riches de leur propre expérience et de leur expertise…à faire partager.

A l’approche des prochaines élections présidentielles, de grands débats nationaux vont être lancés, mais d’autres questions aussi, toutes aussi importantes, seront volontairement occultées par les candidats. Dans tous les cas, il serait intéressant de les approfondir au sein de NOTRE « Café Politique», avec un « éclairage » vraisemblablement différent pour poursuivre nos réflexions.
Une belle année de débat s’annonce, toujours en toute liberté, ensemble !